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Jean-Félix HONORINE à crée le collectif Force Citoyenne en 2011 à Toulouse, dépôt du statut à la Préfecture de Toulouse en Septembre 2013. Il faut savoir que le collectif Force Citoyenne est un mouvement de réflexion ancré  dans le handicap et l’inclusion.

Quelles sont les raisons qui vous ont incité à créer ce mouvement de réflexion ?

Concerné par cette cause en tant que personne en situation handicapée, j’ai constaté que des milliers de personnes en situation de handicap, invalides ou victimes d’une maladie invalidante, des personnes âgées et des jeunes en échec scolaire, les sans domicile fixe sont exclus dans notre société, et sont condamnées à vivre en dessous du seuil de pauvreté.

Cette volonté de créer un mouvement de réflexion, est-elle la conséquence d’une insatisfaction ?

Je pense avoir voyagé beaucoup sur l’ensemble du territoire français pour comprendre que les problématiques étaient identiques d’un département à l’autre. Durant ces rencontres citoyennes, j’ai aidé beaucoup de personnes en situation de grande difficulté, dans leurs démarches administratives en autre, et beaucoup de personnes qui m’ont fait confiance. J’ai aidé des milliers de personnes : dans leurs démarches, à sortir de la rue, des femmes battues, j’ai orienté, conseillé des jeunes dans les banlieues de France. Ce sont bien des êtres humains en situation de handicap, ou atteintes d’une maladie invalidante, des sdf, des jeunes en échec scolaire dont je vous parle.

Quelles sont vos actions en matière de discrimination ?

Un de nos combats est l’intégration des personnes handicapées et la lutte contre toutes les formes de discrimination. Les comportements discriminatoires naissent souvent de préjugés et de la méconnaissance de l’autre, l’information est essentielle au respect et à l’intégration des personnes jugées différentes. C’est pourquoi le collectif Force Citoyenne propose depuis 2015 des sensibilisations au handicap, auprès des enfants comme des adultes.

En matière d’accessibilité, des choses ont-elles changé ces dernières années ?

Nos gouvernements successifs ont menti aux personnes à mobilité réduite et aux personnes âgées en faisant des promesses non tenues sur l’application de la loi du 11 Février 2015. Il serait très difficile à faire appliquer cette loi dans les anciens logements, les petites entreprises, voire les très petites structures sans l’aide de la collectivité. J’ai eu la possibilité de rencontrer plusieurs chefs d’entreprise de TPE, des restaurateurs, des petits bailleurs, qui m’ont expliqué que le choix est simple et que sans l’aide de l’Etat, la cessation de leurs activités est imminente. Par contre, dans les nouvelles constructions, le PLU (Plan Local Urbaniste) est appliqué dans chaque commune à six pourcents de logements à mobilité réduite. Ce quota me gêne énormément, il est préférable de fixer un pourcentage dans le PLU en fonction de la population handicapée dans chaque commune. Imaginons que dans une commune le pourcentage de personnes à mobilité réduite est estimé à dix pourcents, dans ce cadre-là, il serait préférable de la fixer à dix pourcents. En outre, cela éviterait que le bailleur se retrouver avec des logements vides.

Dans les écoles ?

Encore une grosse connerie de nos gouvernements successifs. Dans les grandes communes, l’application de cette loi est juste. Revenons dans les petites communes, qui n’ont pas d’argent ! Nous allons demander à ces maires d’appliquer cette loi, ce qui va engendrer l’augmentation des impôts locaux. Il est préférable de mettre aux normes certaines écoles dans un certain rayon, afin de pouvoir recevoir les enfants à mobilité réduite.

Plusieurs associations handicapées demandent l’augmentation d’AAH, quelle est votre position ?

Mon combat est de défendre les personnes en situation handicapée tous les jours. Les handicapés ont des droits et il est de notre devoir d’aider ceux-ci à les faire respecter.  Ainsi, nous œuvrons pour que ces droits soient effectifs. Force est de constater que nous avons oublié de parler des petites retraites, des petits agriculteurs dont le taux de suicide est plus élevé que dans les prisons. Avant de parler d’augmentation, il est préférable de chercher le financement ! Notre modèle de redistribution permet aux actifs de venir en aide aux personnes en difficulté par le biais des impôts, des prélèvements sociaux … Je suis contre des prélèvements supplémentaires sur nos travailleurs, mais plutôt favorable à un autre partage pour financer petites retraites, AAH, et agriculteurs.

Quelles sont vos propositions en ce qui concerne l’accessibilité des bâtiments publics aux personnes en situation de handicap ?

Etablir une cartographie et une planification afin que tous les édifices publics soient accessibles.

Quelles sont vos propositions en matière de transport ?

Augmenter le nombre de places pour les personnes à mobilité réduite.
Des plans et horaires en braille ou un système vocal dans toutes les gares routières et ferroviaires, la fabrication de tickets de bus, de tram et de train écrits en braille.

Quelles sont vos propositions sur les Allocations des personnes en situation de handicap ?

Unification  des  aides aux personnes en perte d’autonomie qu’elles aient moins ou plus de 60 ans, alors que le dispositif est aujourd’hui divisé entre personnes handicapées (avant 60 ans) et personnes âgées (après 60 ans).

Quelles sont vos propositions sur la retraite des personnes en situation de handicap ?

Préconisation d’une retraite préférentielle, qui devrait valoir aux handicapés, ainsi qu’à leur entourage accompagnant, des droits particuliers.

Quelles sont vos propositions sur la scolarisation des personnes en situation de handicap ?

Création d’une filière de formation pour les auxiliaires de vie scolaire. Augmenter le nombre d’étudiants handicapés accueillis dans l’enseignement supérieur. Renforcer l’accueil des étudiants handicapés dans les lycées et les universités. Créer un module de formation pour aider les enseignants à accueillir les enfants handicapés.

Que pensez-vous des discriminations dans les quartiers populaires de France ?

Nous rencontrons plusieurs ethnies dans ce milieu, réparties dans des groupes formant des communautés. Il y a la peur de l’autre communauté, les préjugés, l’indifférence. A noter que notre modèle de société a formé des zones de non droit et surtout pas, comme on pourrait l’entendre dans les médias, que ce sont ces communautés qui ont créé des zones de non droit.

En outre, le collectif Force Citoyenne lutte contre l’indifférence, cherchant à faire accepter la condition des citoyen-n-es issus des quartiers populaires dans notre pays. Car bien plus qu’une aide symbolique, qui est aussi nécessaire pour le maintien de leur intégration, c’est aussi une aide quotidienne qui est indispensable pour accompagner au jour le jour les personnes qui souffrent de l’indifférence de la société. Pour conclure, nous luttons contre toute forme d’indifférence..